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26 - Jules Barbey d’Aurevilly - 1808/1889

  • JF
  • 3 oct.
  • 8 min de lecture

« le Connétable des lettres »
« le Connétable des lettres »










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Jules Barbey d’Aurevilly est un écrivain français du XIXème siècle

surnommé « Le Connétable des Lettres ».

Il fut tout à la fois romancier, nouvelliste, poète et critique littéraire.


Catholique, monarchiste intransigeant, méprisant les valeurs de ce siècle bourgeois, il mena une vie d’élégance et de dandy.


Son œuvre littéraire est fortement marquée par sa foi catholique et le péché, ses écrits dépeignant les ravages de la passion charnelle et de la politique.


Baudelaire et divers écrivains ont loué son talent extravagant, par contre, Hugo, Flaubert ou Zola ne l’apprécient pas.

Sa vision du catholicisme aura une grande influence sur l’œuvre de Bernanos


Il meurt à Paris le 23 avril 1889 des suites d’une hémorragie.



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Emission d’un timbre par la poste française en 1989

 Référence catalogue Yvert et Tellier n°1823




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Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly est un écrivain français né le 2 novembre 1808, jour des morts, au sein d’une famille normande catholique, paysanne et contre-révolutionnaire, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, commune française située dans le département de la Manche en Normandie.

 

Aîné d'une fratrie de quatre enfants, son père, Théophile Barbey appartient à une famille dont la présence à Saint-Sauveur est attestée dès la fin du XIVe siècle.

La famille Barbey accède à la noblesse en 1756, lorsque le grand-père de Jules, Vincent Barbey, avocat au bailliage de Valognes, acquiert une charge en étant « pourvu de l’office de Conseiller secrétaire du Roi » pour jouir des « honneurs, privilèges de noblesse et autres droits attribués ».

Sa mère Ernestine Ango, issue d’une famille de bonne bourgeoisie de Caen depuis le XVIe siècle, est la fille du dernier bailli de Saint-Sauveur.

 

L’enfance de Jules Barbey se déroule dans une atmosphère ultraconservatrice.

La Révolution ayant durement touché la famille, les Barbey vivent dans l’attente du retour à la monarchie, au milieu des souvenirs et des vieilles coutumes normandes.

 

L’austérité de son père et le peu d’amour que lui prodigue sa mère au point qu’il dira d’elle, bien plus tard dans la « lettre à Trébutien » en 1856, « j’ai bien des choses tristes, douloureuses à dire de ma mère et de ses rapports avec moi, mais elle a le titre et le nom sacré : elle est ma mère. », font qu’il se réfugie auprès de sa vieille bonne Jeanne Roussel et de Louise Lucas-Lablaierie, sa grand-mère, dont il écoute impressionné, au coin du feu, les exploits plus ou moins mythiques qu’elle raconte de son oncle, le chevalier de Montressel, qui se serait illustré lors des guerres de la chouannerie.

 

En 1816, l’admission de Jules à l'Ecole militaire est refusée et son père, mortifié, lui qui espérait voir son fils effectuer une grande carrière militaire, devient royaliste.

Barbey poursuit donc ses études au collège de Valognes, habitant chez son oncle, un esprit libéral qui encourage l’émancipation intellectuelle et morale de son neveu, lui confiant les détails intimes et croustillants des personnalités de la ville et le « dessous des cartes » de la haute société valognaise.

Ces confidences attisent son imagination et il peindra cet oncle sous les traits du docteur Torty dans son recueil de six nouvelles intitulées « Les Diaboliques » parues en novembre 1874.

Son cousin Édélestand du Méril, un poète et philosophe érudit, lui communique son admiration pour Walter Scott, Lord Byron et Robert Burns, ainsi que son goût pour l’histoire et la métaphysique.

 

En 1823, Barbey compose sa première œuvre, une élégie « Aux héros des Thermopyles ».

En 1827, il entre en classe de rhétorique au collège Stanislas à Paris.

En 1829, après son baccalauréat, il rentre à Saint-Sauveur avec des idées politiques et religieuses nouvelles et contraires à celles de sa famille, et souhaite ardemment, contre la volonté de son père, entamer une carrière militaire, mais il cède et accepte de faire son droit à l'université de Caen.

 

Vers 1830, il tombe amoureux de Louise du Méril, la femme de son cousin Alfred, mais cette liaison incertaine fait qu’il qualifiera plus tard cette période de « l’époque de sa vie la plus malheureuse ».

En 1831, après l’échec de cette liaison, il écrit sa première nouvelle, « Le Cachet d’Onyx », conte qui sonne comme une vengeance d'un jeune auteur déçu et blessé, à travers un récit brutal et froid.

 

En juillet 1833, il a 25 ans et il soutient sa thèse, « Des causes qui suspendent le cours de la prescription ».

Installé à Paris il fonde, en 1834, la « Revue critique de la philosophie, des sciences et de la littérature », dans laquelle il publie pendant quelques mois des articles de critique littéraire.

Il retourne ensuite à Caen en espérant revoir Louise et, l’esprit torturé, écrit divers poèmes en prose dont un, en une nuit, « La Bague d’Annibal ».

Durant cette période, il s’était lié avec le poète génial mais torturé Maurice de Guérin.

Dans son poème en prose « Amaïdée », il tentait d’exprimer la relation étroite qui le liait à ce poète, et en 1836 il rédige deux memoranda à son intention.

C’est à cette époque qu’il rompt avec sa famille.

 

De retour à Paris, Barbey, qui vit sur l’héritage de son oncle, rêve d’une carrière politique et collabore au « Nouvelliste », un journal politique.

Il y rencontre Hugo.

En 1839, la mort de son ami Maurice de Guérin le laisse anéanti.

Il demande à George Sand de l’aider à faire connaitre l’œuvre du poète Maurice de Guérin et se lie avec Eugénie, la sœur de ce dernier.

Leurs efforts assureront la gloire de Guérin.

 

Les ambitions mondaines de Barbey l’amènent à se composer un personnage de parfait dandy.

Il se perfectionne dans l’art de la toilette, fréquente le romancier et dramaturge Roger de Beauvoir et le très célèbre café Tortoni où il cultive l’ironie, l’art de l’épigramme et le mystère.

Il mène une vie désordonnée, se jette dans les fêtes et les plaisirs, les soirées noyées dans l’alcool et enchaîne les passades.

Il consomme du laudanum pour s’endormir et ses amis le surnomment « Roi des ribauds » ou encore « Sardanapale d’Aurevilly ».

 

Ses causeries spirituelles lui valent de nombreuses conquêtes et lui ouvrent les portes des salons et, notamment, celui de la baronne Amaury de Maistre, à tendance catholique et légitimiste ainsi que celui de la marquise Armance du Vallon qu’il entreprend, sans succès, de séduire, cet échec lui inspirant une longue nouvelle, « L’amour impossible », « tragédie de boudoir » qui passe inaperçue.

 

En 1842, il collabore au « Globe », un journal politique et, en 1843 il participe au « Moniteur de la Mode » sous le pseudonyme de Maximilienne de Syrène.

C’est alors qu’il entretient une liaison avec une mystérieuse Vellini, la future héroïne d’« Une vieille maîtresse ».

 

En 1845 parait « Du dandysme et de George Brummell », édité à une trentaine d’exemplaires et il commence un autre ouvrage sur le dandysme qui restera inachevé, le « Traité de la princesse », manuel de séduction inspiré du « Prince » de Machiavel.

 

Après deux échecs successifs dans ses tentatives de collaborer à la « Revue des deux Mondes » et au « Journal des Débats », il consacre les années 1845/46 à écrire la première moitié d’une de ses œuvres majeures, « Une vieille maîtresse », qu’il n’achèvera que plusieurs années plus tard, la parution n’ayant lieu qu’en 1851 en même temps qu’un autre de ses écrits, « Les Prophètes du passé ».

Ces deux œuvres très contrastées étonnent la critique qui comprend mal que le même écrivain livre en même temps un pamphlet catholique et monarchiste et un roman de mœurs aux pages sensuelles et passionnées.

 

La même année, Barbey rencontre Émilie Sommervogel, baronne de Bouglon et veuve du baron Rufin de Bouglon.

Il la surnomme « l’Ange blanc » et comme elle trouve le talent de son fiancé « trop féroce », sous son influence et durant dix ans il se modère et écrit successivement un roman historique « Le Chevalier des Touches » qui met en scène un héros chouan puis « L’Ensorcelé », histoire du retour à son village d’un prêtre chouan défiguré par une tentative de suicide.

Ce dernier ouvrage, paru d’abord en feuilleton puis en volume en 1854, sera considéré par Baudelaire comme un chef-d’œuvre.

Dès 1852, rentré « au pays », il collabore à un journal bonapartiste qui lui confie l’écriture des critiques littéraires ainsi qu’une chronique politique.

Par ses articles, il contribue à faire découvrir Stendhal et Hector Berlioz et il contribue à réhabiliter Balzac.

Il déclare son goût pour les romantiques et n’hésite pas à tailler en pièces le réalisme, le naturalisme et les parnassiens, une de ses cibles étant Emile Zola.

 

En 1855, il se tourne vers la pratique religieuse, publie des poésies et commence « Un prêtre marié », roman mettant en scène un prêtre impie et sa fille.

 

En 1856, à l’occasion d’un voyage en Normandie, il se réconcilie avec ses parents et publie une critique audacieuse contre « Les Contemplations » de Victor Hugo, ce qui évidemment ne plaira guère à ce dernier.

 

En 1860, il s’installe au 25 rue Rousselet à Paris et publie le 1er volume des « Œuvres et les hommes », vaste ensemble de recueils critiques où il entend juger la pensée, les actes et la littérature de son temps.

Dans cette même logique, à partir de 1862, il va multiplier articles virulents et critiques contre tout ce qu’il déteste et exaspère, s’attirant ainsi ripostes diverses et virulentes.

Victor Hugo, George Sand, Madame de Staël, Jules Michelet, Mérimée, Ernest Renan, Théophile Gautier, Flaubert, Emile Zola entre autres, ont fait les frais de sa plume.

Ses articles contre « Les Misérables » créent le scandale.

 

A la suite d’un autre article contre Sainte-Beuve, il doit s’éloigner et part quelques mois travailler à ses romans chez Mme de Bouglon à la Bastide-d’Armagnac.

 

En 1863, une chronique au « Figaro » qui ridiculise le patron de presse Buloz et la « Revue des deux Mondes » lui vaut un procès.

Loin de renoncer, il s’en prend à l’Académie en publiant dans « Le Nain Jaune »  un pamphlet contre les membres de « l’Institut » intitulé les « Quarante médaillons de l’Académie ».

 

En 1865, devenu démocrate et anticlérical, ses opinions sont diamétralement opposées à celles du journal « Le Nain Jaune » qui l’emploie, mais on le laisse libre de ses propos.

Il y publie durant quatre ans des articles de critique dramatique avant d’entrer au « Constitutionnel », où il s’occupera jusqu'à sa mort de critique littéraire.

Il alterne alors vie parisienne et séjours en Normandie, avec pour seules ressources les 500 francs par mois que lui verse le journal pour les articles qu’il rédige.

 

À la fin du siège de Paris en 1871, il retourne à Valognes où il achève « Les Diaboliques » et entretient la flamme polémiste en publiant des articles antirépublicains.

« Les Diaboliques » sont publiés en novembre 1874 et Barbey voit l’ensemble des exemplaires immédiatement saisis, lui-même étant poursuivi pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».

Il fait intervenir l’homme de lettres Arsène Housset ainsi que Gambetta pour éviter le procès et il accepte de retirer l’ouvrage de la vente afin que le juge d'instruction puisse conclure à un non-lieu.

L’œuvre sera rééditée en 1883 avec une préface, ajoutée par précaution.

 

Durant les années qui suivent, la sagesse venant avec l’âge, il se rapproche de la génération montante et d’autres écrivains, autrefois éreintés, tels Théodore de Banville et José-Maria de Heredia.

 

En 1878, il publie « Les Bas-bleus », cinquième volume des « Œuvres et les Hommes », consacré selon lui « aux femmes qui écrivent, car les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. Ce sont des hommes — du moins de prétention — et manqués ».

 

C’est en 1879 qu’il va rencontrer sa dernière amie, Louise Read, celle qui va se dévouer entièrement à sa gloire.

 

Jusqu’à la fin, forçat de l’écriture, il continuera à écrire et à publier.

En 1880, il publie un pamphlet, écrit et achève « Une histoire sans nom » qui paraitra en 1882, autre roman catholique dans lequel un moine capucin qui prêche l’Enfer abuse d’une jeune fille innocente et somnambule.

C’est un succès.

 

Il collabore au quotidien « Gil Blas » et publie en 1883 deux histoires d’inceste et d’adultère.

Il publie également les troisième et quatrième « Memorandum », des poésies et ses derniers articles de critique.

 

Malade du foie, il continue de fréquenter les salons de la baronne de Poilly, des Daudet et des Hayem, où ses causeries émerveillent.

 

En 1888, il publie « Léa », l’une des premières nouvelles qu’il avait écrites à ses débuts, puis « Amaïdée » en 1889, avant de s’avouer vaincu par la maladie.

Il s’éteint le 23 avril 1889 au 24 rue Copernic.

 

Tout d’abord inhumé au « cimetière du Montparnasse », ses cendres seront transférées en 1926 au cimetière dit « des Frères » proche des douves du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

 

 

 

En 1948, la Poste française émettra un timbre à son effigie, dessiné et gravé par Jacques Combet, référencé dans le catalogue Yvert et Tellier, dans la série des « personnages célèbres » sous le n°1823.

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