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Épisode 21

  • JF
  • 19 juin
  • 3 min de lecture
La famille du Nord
La famille du Nord

Quand Tonton et Tata ne nous accaparaient pas durant les vacances, les congés annuels de papa étaient l’occasion de voyages et rencontres avec la famille dispersée aux quatre coins de l’Hexagone.

 

Ma grand-mère paternelle habitait dans le nord, à Mons-en-Barœul dans la banlieue de Lille pour être plus précis.

A ce stade, il est nécessaire que je développe un peu l’histoire familiale.

 

Mon grand-père François-Marius, originaire de Saignon près d’Apt, s’était engagé en 1905 dans le 6ème régiment de chasseurs.

Élève gendarme à cheval à la 1ère légion de gendarmerie, maréchal des logis le 14 juillet 1907, il fut muté à Tourcoing, quittant ainsi son cher soleil de Provence.

C’est dans ce nord qu’il rencontra ma grand-mère, Éléonore qu’il épousa le 27 septembre 1909.

Ils vivaient à Hesdin dans le Pas-de-Calais et c’est là que naquit papa le 17 mars 1913.

Ma grand-mère avait déjà une petite fille, Andrée, mon grand-père ayant manifesté son intention de l’adopter dans une admirable lettre écrite le 9 juin 1915, alors que, lieutenant de gendarmerie, il était sur le front de guerre en forêt d’Argonne, seulement quelques semaines avant d’être tué le 21 juillet 1915, d’une balle en pleine tête, près de Boureuilles dans la Meuse.

 

Petit Jeannot, comme il l’appelait, était donc orphelin et demi-frère d’Andrée, tante Dée pour moi et à qui il vouait une très grande affection.

 

Pupille de la nation papa vécut donc toute sa jeunesse dans le Nord, terminant ses études dans l’établissement jésuite de l’ICAM, Institut Catholique des Arts et Métiers, dont il sortie avec un diplôme d’ingénieur, grâce auquel il obtint son premier poste à Boisse-Penchot ou commence mon histoire. 

 

Veuve de guerre, ma grand-mère, tante Dée ayant épousé tonton Lucien Desmasures, quitta Hesdin pour s’installer avec eux à Mons-en-Barœul, une cité ouvrière de la métropole lilloise.

La petite maison qu’ils habitaient faisait partie d’un alignement de bâtisses mitoyennes en briques, d’un étage sur rez-de-chaussée, avec chacune un petit jardin à l’arrière.

Les portes d’entrée de ces maisons donnaient sur une petite rue en impasse dont l’extrémité venait buter sur des voies de chemin de fer.

 

J’aimais beaucoup ces séjours chez grand-mère et tante Dée.

 

Malgré les conseils de prudence qui nous étaient prodigués, Poupi et moi étions très attirés par les voies ferrées, sur lesquelles circulaient de façon fréquente, d’immenses trains de marchandises tractés par de monstrueuses et effrayantes machines à vapeur.

 

Malgré tout, le petit démon de l’aventure qui sommeille dans le cœur de chaque enfant et le « t’es pas cap » de mon frère provoquant la fierté, en l’occurrence mal placée, de mon statut d’aîné, m’incitait à tenter une expérience assez stupide.

Trouvant un petit caillou, de la taille d’une noix, je profitais d’une période de calme entre deux trains pour déposer avec précaution cette petite pierre sur le rail.

Revenu sur le talus bordant les voies, à côté de Poupi qui n’en menait pas large, j’attendais, mort de peur, le passage du convoi, locomotive en tête.

Bien entendu, à mon grand soulagement, l’énorme poids des roues du convoi avait pulvérisé l’obstacle.

Mon prestige de grand-frère en était certes sorti grandi, mais je me suis bien gardé de renouveler l’expérience.

 

J’aimais beaucoup ma grand-mère toute en douceur et rassurante, mais j’étais surtout attiré par tonton Lucien, dont l’accent « chti » n’était pas toujours facile à comprendre.

Technicien compétent, c’était un bricoleur génial qui réussissait avec trois fois rien à confectionner une foule d’objets passionnants.

Il avait en particulier réussi à réaliser à mon intention un poste à galène et, écouteurs sur les oreilles, tâtonnant avec le petit levier métallique terminé par une pointe pour trouver le point sensible qui me mettrait en phase avec les ondes radio, j’écoutais avec ravissement la voix de « radio Lille » et les musiques diffusées à l’époque.

 

Si l’on part de ce merveilleux poste à galène de mes neuf ans, quand je vois tout ce dont disposent les enfants de nos jours, télévision, consoles de jeux, téléphones portables, je suis fasciné par l’incroyable saut technique vécu par le monde durant les soixante-dix années passées.

 

Est-ce vraiment un progrès !!!

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