Épisode 31
- JF
- 8 déc.
- 3 min de lecture

Tous les ans, Tonton en tant qu’universitaire disposait des mêmes vacances que les écoliers que nous étions et ils nous en faisaient profiter.
Les deux semaines de Pâques étaient l’occasion de séjours à la neige.
Nos séjours à Montgenèvre et l’Alpes-d’Huez m’ont permis de découvrir les joies du ski, laborieusement au début, puis de mieux en mieux, encouragés par mes oncle et tante, au fur et à mesure de l’acquisition de ces fameuses « étoiles ».
Une chose m’a beaucoup marqué à cette époque, c’est la transformation spectaculaire de la nature, durant ces deux semaines printanières qui m’avaient éloigné de la maison.
J’avais quitté pour la neige un jardin gris et dépouillé et je retrouvai au retour, par une tiède après-midi d’avril une explosion de verdure et de couleurs et tout particulièrement le jaune éclatant des buissons de forcicias.
L’été nous offrait la perspective de toute une série de séjours passionnants, durant des vacances dont il faut se souvenir qu’à l’époque elles duraient trois mois, du premier juillet au premier octobre.
Au bord de la mer, bien sûr, j’en ai déjà parlé alors que nous étions encore à Penchôt, et j’avais pu alors découvrir l’Atlantique et les merveilleuses possibilités offertes par le jeu des marées.
Plus tard, alors que nous étions à Chalon, Tonton et Tata avaient décidé d’explorer la Bretagne et plus particulièrement la baie de Douarnenez.
Ils avaient sélectionné un grand hôtel dans la commune de Tréboul, « les Sables Blancs ».
C’était un très grand bâtiment, directement au bord de la mer, une immense terrasse de sable réservée aux résidents, surplombant la plage publique à laquelle nous accédions pour nous baigner par un grand escalier.
Cette plage en pente douce, complètement effacée par les marées hautes d’équinoxe, les vagues venant alors battre la base du mur de soutènement de la terrasse de l’hôtel, se prolongeait en contournant cette terrasse pour rejoindre la route qui permettait l’accès du public.
Outre la baignade, la pèche aux crabes et crevettes et les divers jeux de bord de mer, chaque année, le journal le Figaro organisait un concours de châteaux de sable.
Poussé par Tata qui parvint à vaincre ma timidité et ma peur de ne pas être à la hauteur, j’acceptais de m’inscrire et je me vis octroyer quelques mètres carrés de plage en même temps qu’une douzaine de candidats inscrits comme moi et à peu près du même âge que moi.
Le sable consciencieusement humidifié pour faciliter notre travail de sculpteurs, j’entrepris de réaliser une fresque en relief composée d’une farandole de coquillages entourant un poisson stylisé du plus bel effet.
J’étais très content de moi et ma déception fut grande de n’obtenir que le troisième prix.
Consolé par mes oncle et tante qui m’assurèrent que ma réalisation valait bien celle des autres, je reçus néanmoins un énorme sac de bonbons, chocolats et deux ou trois bandes dessinées dont la lecture m’occupa pendant une bonne partie du séjour.
Tous les deux ou trois jours, Tonton et Tata nous embarquaient dans leur 203 Peugeot et nous emmenaient visiter l’arrière-pays.
Deux de ces balades en voiture me laissent un souvenir particulier.
L’ascension du Menez-Om, plus haut sommet breton, en haut duquel une vue panoramique à 360 degrés justifie à elle seule le déplacement.
Poupi et moi étions surtout captivés par les évolutions de tout un bataillon de maquettes de planeurs, habilement manœuvrés par leurs possesseurs pratiquant le vol de pente que les courants ascendants générés par le mont, provoquaient.
Je me souviens tout particulièrement de la visite du village médiéval de Locronan, de l’histoire certainement très romancée de notre guide, de cette évocation d’une vie ancienne attachée à chaque maison et à chaque monument.
Je fus particulièrement frappé par l’atelier de tisserand, encore fonctionnel avec un imposant métier permettant de produire un tissu commercialisé dans les boutiques du village.
Cette visite m’a laissé une véritable passion pour le tissage et j’ai tenté à plusieurs reprises de réaliser de petits métiers à tisser avec lesquels je confectionnais des bandes de tissu en laine de la largeur d’une écharpe.
Bien des années après, Tonton et Tata nous ont offert, à Monique et moi-même accompagnés de nos enfants, un séjour aux « Sables Blancs ».
Quelle déception !!!
L’hôtel transformé en résidence de vacances pour membres de divers comités d’entreprises, n’avait plus rien à voir avec ce que j’avais connu et qui restait dans ma mémoire comme un lieu idyllique. Nous avons tenu trois jours avant de reprendre la route pour l’Isère en passant par les châteaux de la Loire ce qui, par contre nous a laissé, et surtout pour Damien et Matthieu, un souvenir très précieux.
Mais ceci est une autre histoire que je conterai peut-être plus tard avec l’aide de mes enfants.
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