Épisode 27
- JF
- 3 oct.
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J’ai déjà dit à plusieurs reprises que mes amis étaient exclusivement des garçons.
C’était d’autant plus vrai que nos jeux guerriers, les expériences diverses dont j’ai parlé n’avaient rien qui puisse plaire aux quelques rares filles de notre âge qui habitaient la cité.
Le directeur de l’usine où officiait papa avait deux filles légèrement plus âgées que moi, et mes parents ne rataient jamais une occasion de nous trainer, Poupi et moi, chaque fois et c’était fréquent, qu’une invitation se produisant, nous nous rendions dans la grosse villa directoriale.
Elles se prénommaient Michelle et Nicole et se conduisaient vis-à-vis de moi en véritables chipies.
Fortes de leur statut de dominantes que leur conféraient les deux ou trois années de plus que moi et certaines de la neutralité de mon frère beaucoup plus jeune, elles me martyrisaient littéralement, me contraignant à des épreuves que j’étais incapable de réaliser et se moquant méchamment de mes échecs.
Je crois n’avoir jamais haï quelqu’un comme ces deux là et il était évident qu’il n’était pas question de me plaindre auprès de papa des sévices que me faisaient subir les filles de son directeur.
J’ai eu l’occasion de les revoir beaucoup plus tard, devenues de gentilles petites bourgeoises, à la recherche d’un futur époux.
Par contre, dans la cité, deux yeux d’un bleu profond avaient enflammé mon cœur adolescent.
Je sais qu’elle s’appelait Geneviève et je la voyais passer, chaque jour de la semaine, légère sur sa bicyclette lorsqu’elle se rendait à l’école.
J’étais fou-amoureux mais jamais je n’ai même réussi à lui parler.
Chaque fois que j’entendais papa chanter de sa belle et profonde voix de baryton « la complainte de Maitre Patelin » décrivant la détresse de cet homme trop timide pour parler d’amour à sa belle, je retrouvais gravés dans ma mémoire les beaux yeux bleus qui m’ont un jour fait rêver.
Un peu plus tard en revanche, je me suis considérablement enhardi.
Papa, en arrivant à Chalon, avait retrouvé un de ses camarades de l’ICAM qui dirigeait une usine de matériel ménager dans un petit village appelé LACANCHE, à une cinquantaine de kilomètres de chez nous.
Là aussi il y avait deux filles, l’ainée Françoise était assez délurée et s’était montrée rapidement sensible à mes tentatives de rapprochement.
Je dois dire que la présence encombrante de Poupi et de Marie-Claude, la jeune sœur de Françoise, nous est apparue à tous deux rapidement insupportable.
Nos tentatives d’isolement étaient le plus souvent vouées à l’échec, ces deux sales gosses prenant un malin plaisir à nous pourchasser et nous épier.
J’ai malgré tout pu gouter aux premiers émois de baisers maladroits, de quelques seins menus doucement caressés, bref de tout ce que deux adolescents amoureux peuvent chastement échanger.
Je garde un souvenir ému de nos touchantes maladresses qui n’ont duré que peu de temps, avant que mes parents ne se décident durant l’été 1955 à m’inscrire au collège de Juilly, que j’ai pu intégrer en tant que pensionnaire, après une période probatoire de deux mois du 15 juillet au 15 septembre.
Nos échanges épistolaires fréquents et ardents au début, se sont très vite espacés, mettant un point final à cette première histoire d’amour.
Entre temps, notre bonne, Fernande, avait accepté avec complaisance de me faire découvrir, en l’absence des parents, les secrets de l’anatomie féminine, la démonstration se limitant à la simple découverte, ce qu’évidemment je trouvais tout à fait excitant.
Et je me suis plus tard beaucoup amusé à l’écoute de la célèbre chanson de Brassens « quand je pense à Fernande … » etc., etc., etc.
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